Le corps de l’exil à l’épreuve de la psychanalyse
S’interroger sur le statut du corps dans la conjoncture de l’exil suppose de commencer par ne pas isoler ce qui serait un « sujet étranger » étiqueté comme tel, doté d’un corps à part, et qui a tôt fait de s’installer dans la morbidité. Y a-t-il même une clinique spéciale de l’exil, je n’en suis pas personnellement convaincu, mais il y a bien une conjoncture exilique, qui fait surgir une version particulière de la corporéité impliquant le regard clinique. Nul n’a vocation à l’exil, même si, on le verra, il peut être choisi, au point d’être érigé en idéal et porté à l’écriture, jusqu’à l’incantation – comme l’attestent les Eloges de Saint-John Perse. Il n’y a pas plus de « psychologie de l’exilé » comme tel, et y rajouter quelque « supplément d’inconscient » serait stérile. En revanche, il y a bien un effet de réel de l’exil, mettant en acte quelque chose d’essentiel du sujet et solidairement du corps – ce qui apparaît depuis l’autre scène, celle du réel inconscient. Ce qui est requis est un portrait de l’exilé en sujet inconscient, qui permet de prendre la mesure de ce qui se joue dans la réalité historique et sociale, du fait de l’exil, pour un sujet (…)
Groups